L’Humanisphère, utopie anarchique

L’Humanisphère, utopie anarchique

Joseph Déjaque

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La nourriture des hommes et des femmes est basée sur l’hygiène. Ils adoptent de préférence les aliments les plus propres à la nutrition des muscles du corps et des fibres du cerveau. Ils ne font pas un repas sans manger quelques bouchées de viande rôtie, soit de mouton, ours ou bœuf ; quelques cuillerées de café ou autres liqueurs qui surexcitent la sève de la pensée. Tout est combiné pour que les plaisirs, même ceux de la table, ne soient pas improductifs ou nuisibles au développement de l’homme et des facultés de l’homme. Chez eux tout plaisir est un travail, et tout travail est un plaisir. La fécondation du bonheur y est perpétuelle. C’est un printemps et un automne continus de satisfactions. Les fleurs et les fruits de la production, comme les fleurs et les fruits des tropiques, y poussent en toute saison. Tel le bananier est la petite humanisphère qui pourvoit au gîte et à la pâture du nègre marron, telle aussi l’Humanisphère est le grand bananier qui satisfait aux immenses besoins de l’homme libre.

C’est à son ombre qu’il aspire à pleins poumons toutes les douces brises de la nature et que, élevant sa prunelle à la hauteur des astres, il en contemple tous les rayonnements.

Joseph Déjacque, L’Humanisphère, utopie anarchique [1858-59]. Bruxelles, Bibliothèque des Temps Nouveaux, 1899, p. 152-153.

Recette du pouding Salvator Transversale